Les premières mentions du site castral de Ligneux, probablement fondé par la famille de Villars, remontent au début du 12e siècle : Adalard de Villars, chevalier, en est le plus ancien seigneur connu (vers 1100).
A la fin du 12e siècle, le site comprenait également un habitat ; il est qualifié de “castellum cum burgo”, ce qui montre son importance, lorsqu’ Etienne II de Villars le cède en 1186 à Guichard, abbé de l’Ile-Barbe (Lyon).
Un prieuré dépendant de l’abbaye de l’Ile-Barbe y est construit, et le passage de la seigneurie sous l’autorité ecclésiastique entraîne un changement de mode de fonctionnement, le prieur de Ligneux assurant en même temps la fonction de châtelain.
Lorsque fut constituée la principauté de Dombes, au tout début du 15e siècle, Ligneux était le chef-lieu de l’une des douze châtellenies qui la composaient ; de cette châtellenie dépendaient la partie dombiste de la paroisse de Saint-Jean de Thurigneux et toute la paroisse de Rancé.
Lors des incursions savoyardes en vue de la conquête de la Dombes, le château fort résista en 1460 aux troupes du comte Amédée VIII de Savoie.
Le fief de Ligneux reste possession de l’abbaye de l’Ile-Barbe jusqu’en 1665, date à laquelle il est cédé à Mgr. Camille de Neuville, archevêque de Lyon, dont hérite, en 1704, François de Neuville, duc de Villeroy, avant d’être possédé un temps par les Luxembourg.
Le château et seigneurie de Ligneux, qualifiés de baronnie, passèrent par mariage aux Boufflers : Joseph-Marie, duc de Boufflers, en fit hommage en 1740.
L’état des fiefs dressé en 1772 consigne à nouveau “le château et seigneurie de Lignieu, paroisse de Saint-Jean”, ainsi que “la justice dudit Lignieu”
Notez que : Ligneux était orthographié Lignieu parmi les possessions du sieur de Luxembourg, qui apparaissent encore en 1784, dans les Rôles des privilégiés de Bresse et Dombes, au nom de madame la maréchale de Luxembourg.
On ignore à quelle époque le site fut abandonné. Selon les historiens du milieu du 19e siècle, la “poype” (ou motte castrale) aurait été encore surmontée d’une tour octogone et entourée d’une enceinte en brique. Il ne reste aujourd’hui que la poype sur laquelle s’élevait le château fort.
Les fouilles archéologiques des années 1980, menées par Jean-Michel Poisson, ont dégagé les vestiges d’un grand bâtiment de plan pentagonal en brique, ainsi que de la céramique médiévale, mais aussi des fragments datables des 17e et 18e siècles.
Informations issues en partie du site : culture.gouv.fr
A quoi ressemblait le château de Ligneux ?
La poype de ligneux a été étudiée par le Centre Interuniversitaire d’Histoire et d’Archéologie Médiévales de l’Université Lyon 2 et par le service départemental d’architecture de l’Ain dont est extrait le document ci-dessous :
A : motte ou tertre – a : fossé circulaire – B : basse-cour – b : vallonement isolant la basse-cour du tertre – b ‘: fossé entourant la basse-cour
C’était un château à motte. La motte (A) est un tertre artificiel, le plus souvent en forme de tronc de cône généralement conçu pour porter une tour de bois, laquelle était à la fois un dernier refuge défensif et la demeure du Châtelain.
Une palissade ceinturait la base de la tour, percée d’une porte ou d’un portail auquel on accédait par une passerelle inclinée franchissant le fossé (a). Au pied de la motte se trouvaient les communs, eux-mêmes protégés par une seconde enceinte fortifiée : la basse-cour (B).
A ce jour, il reste à Ligneux la “poype”, particulièrement bien conservée. Elle se présente au regard comme une imposante motte castrale boisée de forme tronconique, entourée sur toute sa périphérie d’un large fossé profond de 1 à 2 m.
L’étude archéologique publiée en 1986 précise que le site se compose de deux parties juxtaposées, la motte, “et une grande basse-cour, elle-même fermée par des fossés en partie comblés, mais dont le tracé circulaire est très apparent au milieu d’un parcellaire à géométrie orthogonale régulière… Le tertre (ou poype) mesure 36 m de diamètre à la base et 12 m de diamètre au niveau de la plate-forme supérieure ; la hauteur conservée est de 11 m ; la pente est de 45%. La plate-forme porte les vestiges d’un bâtiment de briques, dont la construction doit remonter au XVIIe siècle…”
La grande basse-cour de Ligneux est accolée au tertre au sud-ouest ; le rapport archéologique indique qu’elle est surélevée par rapport aux terrains voisins et qu’elle est de forme elliptique de 200 m sur 100m environ, entourée d’un rempart de terre, ainsi que d’un fossé.
Ce site est dans une propriété privée, il est sous le contrôle de l’État, protégé et classé aux Monuments Historiques.
L’habitat de Ligneux a complètement disparu. Seul a subsisté le village installé autour de l’église actuelle de Saint-Jean.